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Ecrivain nostalgique et révolté, critique musical érudit et éclectique, Benoît Duteurtre est mort

« Déjà nostalgique de son émission et de son goût pour Charles de Gaulle et les œufs mayo. » Le message publié sur X par la journaliste Cécile Delarue donne le ton des hommages qui se sont multipliés à l’annonce de la mort de Benoît Duteurtre. L’écrivain et critique musical, producteur depuis 1999, sur France Musique, de l’émission « Etonnez-moi Benoît », a été emporté par une crise cardiaque dans sa maison de vacances du Valtin (Vosges), mardi 16 juillet, à 64 ans.
Une disparition soudaine qui a suscité une vive émotion chez les personnalités les plus diverses, du journaliste Arnaud Viviant saluant son « ironie swiftienne » à la ministre de la culture démissionnaire, Rachida Dati, évoquant sa « personnalité lumineuse », en passant par la patronne de Radio France, Sibyle Veil, louant « son érudition généreuse ».
De ce portrait en éclats ressort l’éclectisme d’un brillant touche-à-tout, passionné par la musique sous toutes ses formes – du compositeur György Ligeti (1923-2006), dont il suivit les cours, à la série radiophonique « La Grande Histoire de l’opérette », qui sera diffusée en août sur France Musique – comme par la littérature, dont il a honoré presque tous les genres – romans, nouvelles, essais, pamphlets, récits…
On pourrait résumer sa vie en disant qu’il est le descendant de président de la République, – sa mère était la petite-fille de René Coty (1882-1962), le prédécesseur du général de Gaulle.  Que, né le 20 mars 1960 à Sainte-Adresse (Seine-Maritime), il s’est plongé, dès son arrivée à Paris, en 1979, dans l’univers underground, « aux frontières, disait-il, du monde artistique et des “classes dangereuses” ». Et que le jeune étudiant en musicologie tient le clavier dans le tube Paris Latino, du groupe Bandolero (1983).
Mais aussi que c’est grâce Samuel Beckett (1906-1989) qu’il fait ses débuts en littérature, en publiant sur ses conseils son premier texte, Nuits, en 1982, dans la revue Minuit. Ou encore que son premier roman, Sommeil perdu (Grasset, 1985), s’il connaît une sortie discrète, lui ouvre les portes de la presse, et que d’emblée sa carrière de chroniqueur, musical mais pas seulement, prend la forme d’un zigzag entre les titres les plus contrastés, puisqu’il collabore à la fois au Monde de la musique, à La Vie catholique, à Révolution et à Playboy. Il deviendra plus tard un collaborateur régulier du Figaro et de Marianne.
Son œuvre littéraire, célébrée par Milan Kundera, Michel Déon, Philippe Muray ou Guy Debord, comprend près de vingt-cinq romans, où la satire d’une époque marquée, à ses yeux, par la destruction de la beauté et du plaisir de vivre – de Tout doit disparaître (Gallimard, 1992) à la féroce dystopie Dénoncez-vous les uns les autres (Fayard, 2022), en passant par Le Voyage en France (Gallimard, prix Médicis 2001) –, alterne avec une veine autobiographique. Enfance, adolescence, vie nocturne, homosexualité… Gaieté parisienne, Les Pieds dans l’eau, L’Eté 76, Livre pour adultes (Gallimard, 1996, 2008, 2011, 2016) marquaient les jalons de ce qu’il appelait, avec une ironie tempérée par la surprise d’avoir vécu tant d’existences, Ma vie extraordinaire (Gallimard, 2021).
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